LE CHARME DISCRET DE L'INTESTIN - Dr Giulia ENDERS
Régulièrement, je partage avec vous les livres ou les vidéos qui m’ont apporté des informations intéressantes, utiles et/ou bousculantes concernant notre santé au sens large.
Cette article ne prétend surtout pas remplacer la lecture du livre en question.
Je vous invite vivement à vous le procurer ou à l'offrir (21,80 €), en passant de préférence par vos libraires de quartier. ;-)
Bonne lecture et bonne (re)découverte !
Ce que j'en ai pensé :
J'ai énormément apprécié ce ton léger et humoristique que Giulia Enders utilise pour détailler notre système digestif.
Sacré tour de magie, de pouvoir transmettre autant d'informations anatomiques, physiologiques, médicales, tout en donnant envie au lecteur d'en savoir encore plus. À la manière de la série animée "Il était une fois la vie", elle nous permet de visualiser avec amusement et tendresse les micro-mécanismes qui prennent place dans notre corps quotidiennement, et dont nous n'avions jusque là aucune idée.
Depuis cette lecture, je me surprends à penser souvent aux milliards de bactéries qui grouillent en moi : que voudraient-elles manger ? Comment leur faciliter la tâche ? Se sentent-elles bien chez moi ?
Surpoids, dépression, diabète, maladies de peau... Et si tout se jouait dans l'intestin ?
Au fil des pages de son brillant ouvrage, Giulia Enders, jeune médecin allemande, plaide avec humour pour cet organe qu'on a tendance à négliger, voire à maltraiter. Après une visite guidée de notre système digestif, elle présente, toujours de façon claire et captivante, les résultats des toutes dernières recherches sur le rôle du "deuxième cerveau" pour notre bien-être. C'est avec des arguments scientifiques qu'elle nous invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments, et appliquer quelques règles très concrètes en faveur d'une digestion réussie.
Dans cette nouvelle édition augmentée, l'auteure fait état des recherches récemment publiées, notamment celles qui précisent l'influence du microbiote sur notre bonne ou mauvaise humeur. Elle recommande également la fermentation de certains légumes : encore une chose dont notre microbiote raffole.
Irrésistiblement illustré par la soeur de l'auteure, la graphiste Jill Enders, voici un livre qui nous réconcilie avec notre ventre.
Remportant le premier prix des Nuits des sciences allemandes en 2012, l'intervention de Giulia Enders a connu un immense succès sur le net. La jeune étudiante en médecine rédige alors, à la demande d'un agent littéraire,
Le Charme Discret de l'Intestin, livre traduit dans une quarantaine de langues et qui rencontre en France un public enthousiaste. Lauréate de plusieurs prix, elle a maintenant achevé ses études et exerce à l'hôpital dans sa spécialité, la gastroentérologie. Par ailleurs, elle écrit des articles scientifiques pour le journal
Die Zeit.
Détails
:
"Darm mit Charme" - 2014
Dépôt légal : avril 2015 (1re édition) - Mise à jour : 2017.
Édition : Actes Sud
376 pages
Préambule
"Pendant mes études, j'ai pu constater que cette branche de la médecine était traitée en parent pauvre. Pourtant, l'intestin est un organe hors-pair. Il constitue deux tiers de notre système immunitaire, sait tirer de l'énergie aussi bien d'une tranche de pain que d'une saucisse au tofu et produit plus de vingt hormones qui lui sont propres. Mais au cours de leur formation, les médecins n'ont pas souvent l'occasion d'en apprendre beaucoup sur l'intestin"
"Je suis parfois effarée de voir que les scientifiques échangent à huis clos des connaissances capitales - sans que le grand public en soit informé"
"Les patients se sentent souvent mal à l'aise sans savoir pourquoi. Si leur médecin les classe alors dans la catégorie "pathologies psychologiques", ça n'est vraiment pas très productif !"
"Tel est l'objectif que je me suis fixé avec ce livre : je veux ouvrir une porte sur la science et rendre public ce que les scientifiques consignent dans leurs travaux de recherche ou abordent derrière les portes fermées des salles de congrès"
1- Le charme discret de l'intestin
"Nous jugeons le cœur indispensable à la vie parce qu'il permet au sang de circuler dans tout notre corps, et nous admirons le cerveau parce qu'il est capable de former des pensées étonnantes à chaque seconde. Pour ce qui est de l'intestin, en revanche, la plupart d'entre nous pensent qu'il n'est bon qu'à se vider"
L'art du bien chier en quelques leçons
"Notre défécation est un véritable tour de force : deux systèmes nerveux agissant de concert veillent à ce que nos déchets soient éliminés de la manière la plus discrète et la plus hygiénique qui soit. L'homme est quasiment le seul animal à faire ses besoins aussi convenablement. Pour décrocher cette place à part, notre corps a développé une cohorte de dispositifs et d'astuces, à commencer par les sphincters, ces ingénieux mécanismes de fermeture"
"Quand notre cerveau estime que le moment est mal choisi pour notre tube digestif de déposer le bilan, le sphincter externe obéit à notre conscience et fait barrière du mieux qu'il peut"
"Les deux muscles que sont le sphincter externe et le sphincter interne doivent travailler main dans la main. Quand les résidus de notre digestion arrivent au sphincter interne, le muscle s'ouvre automatiquement"
"Pour commencer, il n'ouvre la porte qu'à un petit échantillon test. Dans la zone qui sépare le sphincter interne du sphincter externe, un grand nombre de cellules sensorielles s'activent
(...) Le cerveau se dit alors "Oh, il faut que j'aille au petit coin" ou peut-être seulement "Tiens, je lâcherais bien une perle" (...) Il s'adapte à notre environnement"
"En nous interdisant régulièrement d'aller aux toilettes alors que le besoin s'en fait sentir, nous effarouchons notre sphincter interne. Son collègue externe l'a si souvent rappelé à l'ordre que le sphincter interne est complètement démotivé, et avec lui les muscles qui l'entourent"
"La sortie de secours de notre système digestif n'est pas conçue pour s'ouvrir tant que nous sommes assis ou debout. Dans ces deux positions, un muscle enserre notre intestin comme un lasso et le tire de manière à ce que se crée un coude"
"Les excréments arrivent donc tout d'abord à un virage, qu'on appelle l'angle ano-rectal. Comme une voiture qui s'engage sur une bretelle de sortie d'autoroute, ils sont alors forcés de ralentir"
"En position accroupie, le canal intestinal est droit comme une autoroute et tout ce qui y circule va droit au but"
"Les hémorroïdes et la diverticulite n'existent presque que dans les pays où l'on trône pour faire ses besoins (...) La population qui s'accroupit pour faire ses besoins (soit 1,2 milliards d'êtres humains) ne souffre que rarement de ces maux. Nous autre Occidentaux, nous préférons pousser comme des forcenés"
"Pour la médecine, ces tours de force répétés sur le trône augmenteraient considérablement le risque de varices, d'accident vasculaire cérébral et de malaises aux toilettes"
"Il suffit de poser ses pieds sur un petit tabouret bas et de pencher légèrement le buste en avant. Et voilà : les angles retrouvent leur valeur optimale et l'on peut lire, faire des origamis et méditer la conscience tranquille"
Ouvrez la bouche et dites "Aaah"
"La salive contient des ions calcium dont le rôle est de renforcer l'émail des dents, ce qui est plutôt sympa. Mais pour une dent qui se trouve constamment dans la ligne de mire, le mieux est l'ennemi du bien : avant même avoir eu le temps de dire "ouf", d'innocentes petites molécules qui passaient par là sont alors pétrifiées avec le reste"
"Les bactéries à l'origine de la parodontite ou des caries se fixent plus facilement sur cette surface irrégulière que sur notre émail naturellement lisse"
"Notre salive contient une substance antalgique bien plus puissante que la morphine : l'opiorphine"
"Dans la bouche, une petite plaie qui passerait inaperçue au niveau du coude nous paraît démesurément grosse et devient une vraie torture. Sans les antidouleurs de notre salive, ce serait pire. En mâchant, nous sécrétons une dose supplémentaire de ces substances salivaires"
"Quelques études récentes ont aussi montré que l'opiorphine avait des propriétés antidépressives. Se pourrait-il donc que notre tendance à manger pour faire passer une frustration ou une angoisse ait un rapport avec les vertus de notre salive ?"
"Pendant notre sommeil, la sécrétion de salive est nettement diminuée (...) Beaucoup de gens au lever, ont mal à la gorge ou mauvaise haleine. Huit heures de rationnement salivaire, pour les microbes bucco-dentaires, cela signifie en effet : à nous la liberté !"
"Voilà pourquoi le brossage des dents au coucher et au lever est une invention ingénieuse"
"En une seconde, il s'en passe des choses dans notre bouche : les papilles salivaires projettent des films de mucine, prennent soin de nos dents et nous évitent de pleurnicher au moindre bobo. Notre anneau lymphoïde surveille les particules inconnues et prépare ses armées immunitaires à réagir. Tout cela serait inutile si plus bas, le programme ne se poursuivait pas. La bouche n'est que le vestibule d'un monde où l'être humain fait sien ce qui était autre"
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Visite guidée du tube digestif
"Pour mettre fin à des lourdeurs d'estomac qui surviennent quand on est allongé du côté droit, il n'y a qu'à changer de côté"
"Quand vous êtes assis le dos bien droit et que vous relevez le menton, votre œsophage s'étire comme un chat au soleil. Il se rétrécit, et la fermeture vers le haut et vers le bas est plus efficace. Pour lutter contre le reflux acide après un repas copieux, il vaut donc mieux se tenir droit que de s'affaler sur la table"
"Notre ventre abrite entre trois et six mètres d'intestin grêle formant des lacets que rien ne maintient. Un tour sur le trampoline ? L'intestin fait des bonds lui aussi. L'avion décolle ? L'intestin est comme nous pressé contre le siège"
"Le tout dernier mètre du gros intestin est la seule partie de notre tube digestif à être concerné par nos excréments. En amont, tout est incroyablement propre (et quasiment sans odeur)"
"Notre intestin veut nous offrir la plus grande surface possible, et pour y parvenir, il se plie en quatre pour nous. Prenons pour commencer les plis visibles à l’œil nu : sans eux, pour que nous puissions bénéficier de la même surface digestive, il nous faudrait un intestin de 18 mètres"
"Sous le microscope, nous distinguons comme de grosses vagues formées de nombreuses cellules : les villosités (...) Chacune de ces cellules est elle-même sertie de nombreux fanons. Des villosités de villosités, pour ainsi dire"
"Et si l'on mettait tout cela à plat - les plis, les villosités, et les villosités des villosités -, notre intestin atteindrait une longueur d'environ 7 kilomètres"
"Au total, la surface dédiée à notre digestion est cent fois plus importante que celle de notre épiderme"
"À l'entrée de l'intestin grêle, au niveau du duodénum (...) c'est par ce petit orifice que les sucs digestifs sont projetés sur les aliments réduits en bouillie"
"Dans la liste de leurs composants, on retrouve la même chose que sur les étiquettes des bidons de lessive : des enzymes digestives et des dégraissants. Si la lessive agit contre les tâches, c'est parce qu'elle "digère" les substances graisseuses, protéagineuses et glucidiques"
"Et tous les vaisseaux de l'intestin grêle convergent ensuite pour passer par le foie, qui détecte la présence de substances nocives et de toxines dans notre nourriture"
"En outre, si nous avons trop mangé, le foie est aussi capable de constituer les premières réserves d'énergie"
"L'estomac a été distendu par la nourriture, et la sensation de faim a donc disparu - mais pas la fatigue, puisque nous devons mobiliser des forces supplémentaires pour procéder au brassage et à la dégradation de notre repas. Pendant ce temps, le sang irrigue copieusement nos organes digestifs. Et beaucoup de scientifiques supposent donc que si nous nous sentons fatigués, c'est parce que notre cerveau est moins irrigué"
"Une fatigue qui est peut-être gênante pour notre cerveau, mais pas pour notre intestin grêle : c'est quand nous sommes détendus qu'il travaille le mieux"
"Notre gros intestin se charge de ce qui n'a pas pu être assimilé dans l'intestin grêle"
"Le gros intestin accueille les bactéries intestinales, qui se chargent de décomposer pour nous les restes de notre repas"
"Il consacre toute son attention aux moindres riens qu'on lui a laissés - une tâche minutieuse qui lui prend environ 16 heures (...) Des minéraux importants comme le calcium peuvent alors être enfin résorbés. La collaboration efficace entre le gros intestin et la flore intestinale nous offre en outre une dose supplémentaire d'acides gras très énergétiques, de vitamine K, de vitamine B12, B1 et B2"
"Le dernier mètre de notre intestin est aussi l'endroit où l'on vérifie en détail l'équilibre hydrique et salin du corps : nos excréments ont toujours exactement la même teneur en sel"
Les particules alimentaires
"Nos enzymes digestives agissent comme de minuscules paires de ciseaux qui découpent la nourriture en confettis jusqu'à trouver le plus petit dénominateur commun avec les cellules de notre corps. La nature, maligne, a en effet doté tout ce qui vit des mêmes matériaux constitutifs : molécules de sucre, acides aminés et lipides"
"Quand on lui fournit d'un seul coup une grosse dose de sucre, le corps doit réagir de manière excessive afin de rétablir l'équilibre général (...) une fois dissipés les effets du commando spécial, la fatigue s'installe en un rien de temps"
"Il n'empêche : notre corps aime tout ce qui est bien sucré, car cela lui évite du travail. Comme les protéines chaudes, ce sucre est assimilé plus rapidement (...) Cet apport énergétique rondement mené est alors récompensé par le cerveau, qui envoie sa dose de sentiments positifs. Oui, mais voilà, il y a un piège : jamais dans l'histoire de l'humanité nous n'avons été confrontés à une telle surabondance de sucre"
"Pour le stockage, il y a deux options : soit nous retransformons le sucre en glucides complexes entreposés dans le foie - c'est le glycogène - soit nous le transformons en graisse stockée dans les tissus adipeux"
"De toutes les particules alimentaires, les graisses sont les plus efficaces et les plus précieuses. Grâce à leurs atomes liés de manière ingénieuse, les lipides sont capables de concentrer deux fois plus d'énergie par gramme que les glucides ou les protéines. Grâce à eux, nous constituons une enveloppe autour de nos nerfs - un peu comme une gaine ne plastique recouvre un câble électrique
- et c'est cette gaine qui permet à nos pensées de circuler à la vitesse de l'éclair. Les graisses servent aussi de base à quelques-unes des hormones fondamentales de notre corps, et enfin, chacune de nos cellules est enveloppée d'une membrane graisseuse. Un dispositif aussi précieux est évidemment protégé : il n'est pas question d'y toucher dès le premier petit sprint venu. En cas de famine - et les derniers millénaires en ont vu beaucoup - chaque gramme de graisse constituera une formidable assurance vie"
"Les lipides sont collectés dans les vaisseaux lymphatiques, puis regroupés dans le conduit thoracique. Il remonte le long de la colonne vertébrale, puis décrit un arc de cercle au niveau du cou et, via
une veine courte, débouche... paf ! en plein dans le cœur. C'est là qu'afflue tout le liquide collecté, qu'il provienne des jambes, des paupières ou de l'intestin (...) Elles ne font pas de détour par le foie"
"Pour que les graisses nocives et dangereuses soient neutralisées, il faut que (...) les gouttelettes de graisses atterrissent dans un vaisseau sanguin du foie (...) avant cela, le cœur et les vaisseaux sont exposés sans protection à ce que McDonald's & Co auront pu acheter à bas prix"
"De nombreuses études suggèrent que l'huile d'olive pourrait protéger de l'artériosclérose, du stress cellulaire, de la maladie d'Alzheimer et des maladies oculaires (...) Les bonnes bactéries intestinales apprécient elles aussi ses bienfaits"
"Pour faire revenir des aliments, mieux vaut utiliser des huiles spécialement recommandées pour la cuisson ou des graisses solides comme le beurre ou la graisse de coco. Même si celles-ci regorgent de ces acides gras qu'on a tant récriés, elles sont plus stables quand il s'agit de passer à la casserole"
"Après utilisation, le mieux est dont de bien refermer la bouteille et de la stocker au réfrigérateur"
"Les acides aminés (...) Comme pour les glucides, ces différentes particules sont organisées en chaînes, qui, au final, ont un autre goût et portent un autre nom : ce sont les protéines"
"Les acides aminés sont au nombre de vingt et les possibilités de les combiner pour former des protéines sont infinies. C'est sur cette base que nous élaborons par exemple notre ADN"
"Les protéines présentes dans les végétaux ne sont pas les mêmes que dans les produits animaux et, souvent, les plantes utilisent une quantité d'acides aminés si réduite qu'on qualifie leurs protéines d'incomplètes (...) Les haricots par exemple, ne contiennent pas l'acide aminé méthionine, le riz et le blé n'ont pas de lysine"
"Les végétariens et les végétaliens doivent tout simplement miser sur des combinaisons intelligentes
(...) En théorie, il n'est même pas nécessaire d'assurer ces combinaisons au sein d'un seul repas. Veiller à un équilibre quotidien suffit (et la nécessité de combiner peut même être une source d'inspiration utile quand on ne sait pas quoi cuisiner)"
Allergies, sensibilités et intolérances
"Plus une plante se sent en danger, plus elle injecte de substances nocives dans ses graines (...) Chez les insectes, le gluten bloque une enzyme digestive importante, si bien qu'une sauterelle qui grignote trop de plants de blé se retrouve avec des crampes d'estomac"
"Dans l'intestin humain, le gluten peut passer par les cellules intestinales, parfois sans avoir été digéré, puis desserrer de là les liens entre les différentes cellules. Des protéines de blé se retrouvent alors dans des zones où elles n'ont rien à faire, et c'est tout à fait le genre de phénomène qui met notre système immunitaire en colère"
"Le lactose est un glucide présent dans le lait (...) L'enzyme digestive, la lactase (...) Sans elle, les désagréments qui surviennent sont proches de ceux causés par une intolérance ou une sensibilité au gluten : maux de ventre, diarrhées ou encore ballonnements"
"Les particules de lactose mal assimilées ne traversent pas la paroi intestinale. Elles se contentent de glisser le long de l'intestin grêle et de rejoindre le gros intestin où elles nourrissent des bactéries productrices de gaz"
"Chacun de nous est pourvu d'un gène dédié à la digestion du lactose (...) Chez 75 % des êtres humains, il se désactive progressivement au cours des années. Après tout, à partir d'un certain âge, nous ne sommes plus sensés nous nourrir en suçotant en sein ou la tétine d'un biberon"
"Rien ne vous empêche de tester par vous-mêmes la quantité que vous tolérez et à partir de quand ça se gâte"
"La mention "contient du fructose" nous donne l'impression d'acheter un produit meilleur pour la santé que s'il y figurait "contient du sucre". L'industrie agro-alimentaire se fait donc un plaisir d'ajouter du fructose pur à ses produits et contribue elle aussi à ce que notre alimentation soit plus riche en fructose que jamais"
"Ce n'est donc peut-être que la réaction tout à fait saine d'un corps qui, en l'espace d'une génération, a dû s'adapter à une alimentation telle qu'elle n'a encore jamais existé"
"Si la quantité de fructose que nous avons dans le ventre est trop importante pour être assimilée dans son ensemble, nous nous en débarrassons et perdons du même coup celui qui s'est accroché à ses baskets : le tryptophane. Or le tryptophane nous est aussi utile pour produire de la sérotonine."
"La sérotonine n'est pas seulement garante de bonne humeur, elle est aussi responsable du sentiment de satisfaction que nous éprouvons quand nous sommes rassasiés"
"Tandis que nos ancêtres, les chasseurs-cueilleurs, mangeaient chaque année jusqu'à 500 variétés de racines, d'herbes et de végétaux, nous nous nourrissons aujourd'hui le plus souvent de 17 plantes utiles. Rien d'étonnant donc, à ce que notre système digestif ait du mal à "digérer" cette évolution"
"En réalité, la plupart des personnes concernées par une intolérance alimentaire ne présentent pas d'allergie génétique complète, mais réagissent à un excès"
"On veut nous faire avaler beaucoup de choses, et notamment de nouvelles habitudes alimentaires : du blé matin, midi et soir, du fructose dans tous les plats tout prêts ou du lait bien après que nous ayons quitté les jupes de nos mères"
"Quand on remarque qu'en réduisant certains aliments consommés, on va mieux, il ne faut pas hésiter à se faire du bien !"
** Le Carnet Scatologique - Composition, couleur et consistance **
"La matière fécale est aux trois quarts composée d'eau
(...) Un tiers des matières solides sont des bactéries (...) Un autre tiers est composé de fibres non digestibles (...) Le dernier tiers est un vrai bric-à-brac. On y trouve toutes les substances dont notre corps veut se débarrasser, comme les déchets médicamenteux, les colorants ou le cholestérol"
"Une digestion saine, avec au final des selles qui présentent la proportion d'eau idéale, donne un résultat de type 3 ou 4"
"Type 3
: like a sausage but with cracks on the surface
/ selles dures moulées, en forme de saucisse, craquelées à la surface"
"Type 4
: like a sausage or snake, smooth and soft
/ selles molles mais moulées, en forme de saucisse ou serpentin"
"Le type 4 est considéré comme le nec plus ultra
du caca
: c'est celui qui présente le meilleur équilibre entre l'eau et les substances solides. Vous venez d'évacuer un type 3 ou 4 dans la cuvette ? Observez la vitesse à laquelle votre œuvre s'enfonce dans l'eau. Si elle sombre au fond de la cuvette en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, c'est peut-être qu'elle contient encore beaucoup de nourriture mal digérée"
2- Le cerveau d'en bas
Le grand voyage de la nourriture
"Pendant la déglutition, l’œsophage fait la ola. Quand le bol alimentaire arrive, il s'élargit, et quand il est passé, il se referme (...) La procédure est si bien automatisée que nous pouvons même déglutir tout en faisant le poirier"
"En vieillissant, nous avons tendance à avaler plus souvent de travers : les muscles qui coordonnent le spectacle ne respectent plus aussi bien la chorégraphie (...) Avant que les quintes de toux salvatrices deviennent une habitude, mieux vaut consulter un orthophoniste qui fera faire un peu de sport à toute la compagnie"
"Les glucides simples comme la pâte à tarte, le riz ou les pâtes s'engouffrent rapidement vers l'intestin grêle où ils seront digérés, assurant une augmentation rapide de la glycémie. En revanche, quand il repère des protéines et des lipides, le gardien les retient plus longtemps dans l'estomac. Un morceau d'entrecôte peut par exemple se balancer six heures dans notre petit hamac avant d'être livré intégralement à l'intestin grêle"
"Pour assurer le dynamisme du transit, les médecins recommandent donc un régime riche en fibres : les fibres alimentaires n'étant pas digérées par les enzymes, elles exercent une pression sur les parois de l'intestin, qui répondent alors à l'identique. Cette gymnastique intestinale garantit un traitement plus rapide de la nourriture et une bonne consistance à l'arrivée"
"Une heure après avoir digéré, l'intestin grêle lance le programme autonettoyant
(...) Le pylore ouvre alors gentiment ses portes et se débarrasse de tous ses déchets dans l'intestin grêle. Celui-ci prend les commandes et génère une onde puissante qui balaie le tout vers la sortie (...) Même les plus scientifiques des scientifiques ont trouvé un petit nom au CMM, baptisé housekeeper
- la fée du logis"
"Le seul moment où nous pouvons faire un peu de ménage, c'est entre deux cycles digestifs, quand l'estomac et l'intestin grêle sont vides
(...) Six heures maximum dans l'estomac et environ cinq heures dans l'intestin grêle : après l'entrecôte, il faut attendre environ 11 heures avant que puisse commencer le grand ménage"
"Dès que nous mangeons, notre fée du logis s'interrompt (...) Vous l'aurez compris, quand on grignote sans arrêt, les coups de balai se font plus rares"
"En mâchant bien les aliments, on simplifie la tâche de sa petite fée du logis"
"Le gros intestin est un havre de paix où notre flore intestinale peut s'épanouir en toute quiétude. Quand le grand ménage balaie jusqu'ici tout ce qui n'a pas été digéré plus haut, c'est elle qui va s'en charger"
"Si la masse est suffisante, on peut même faire la vidange à chaque fois, soit 3 à 4 fois par jour. Pour la plupart d'entre nous, cependant, le contenu du gros intestin correspond à une grosse commission par jour. Si vous êtes plutôt dans la catégorie "3 fois par semaine", pas de panique : vous êtes toujours dans la moyenne saine"
Ça vous laisse un goût amer
"Dans le cas des remontées acides (...) Dans le cas du reflux gastro-œsophagien (...) La cause de ces renvois est la même que lorsque nous ratons la marche : les responsables, ce sont les nerfs"
"Le chocolat, les épices fortes, l'alcool, les aliments très sucrés, le café (...) Si toutes ces substances influent sur nos nerfs, elles ne déclencheront pas les mêmes ratés gastriques chez tout le monde. Des études américaines invitent plutôt à tester un à un les aliments qui induisent une réaction excessive de nos nerfs"
"Toutefois, à long terme, neutraliser l'acidité est plutôt une mauvaise solution
: le suc gastrique est aussi là pour brûler les allergènes et les mauvaises bactéries alimentaires, et il contribue à la digestion des protéines (...) Les antiacides ne devraient pas être à l'ordre du jour pendant plus de 4 semaines"
"Le cerveau sait faire la part des choses. Selon le nombre et l'intensité des alarmes émises, il décide en son âme et conscience : vomir ou ne pas vomir"
"Dès que le cerveau a informé la bouche de la situation, celle-ci sécrète de grandes quantités de salive pour protéger nos précieuses dents de l'attaque de suc gastrique"
"L'être humain est spécifiquement conçu pour vomir. Et il n'est pas le seul animal à en être capable"
"Si les vomissements viennent brutalement, presque sans prévenir et en un jet puissant, il y a fort à parier qu'il s'agit d'un virus de gastro"
"Dans le cas d'une intoxication avec des aliments avariés ou de l'alcool, les vomissements sont tout aussi soudains, mais plus sympas. Avant d'arriver, ils ont la gentillesse de nous prévenir en nous envoyant un petit signe : les nausées"
"Le dégobillage version grand-huit fonctionne selon le même principe que le mal des transports (...) Quand les informations délivrées par les yeux diffèrent très nettement de celles des oreilles, le cerveau ne sait plus où donner de la tête et sonne le tocsin (...) Pour lui, une telle contradiction entre la vision et le sens de l'équilibre est le signe d'une intoxication"
"Les vomissements déclenchés par des émotions fortes - épreuve psychologique, stress ou effroi (...) En cas de stress cérébral, vider son estomac permet d'économiser de l'énergie, que le cerveau va alors utiliser pour venir à bout de ses problèmes
(...) Jeter du lest est une sage décision"
"C'est plutôt le signe que notre cerveau et notre appareil digestif se donnent à fond pour nous. Ils nous protègent de substances toxiques que nous n'avons pas repérées dans la nourriture, prennent mille précautions en cas d'hallucinations communiquées par les yeux et les oreilles ou activent le mode "économie d'énergie" pour pouvoir résoudre nos problèmes"
"Les fibres non solubles dans l'eau induisent des mouvements intestinaux plus dynamiques, mais sont aussi plus souvent responsables de maux de ventre. Les fibres solubles dans l'eau ne sont pas aussi efficaces quand il s'agit de gymnastique, mais elles hydratent mieux les selles et sont mieux supportées"
"Les fibres c'est bien, mais ça ne sert pas à grand chose si on ne boit pas suffisamment : sans eau, elles se changent en gros grumeaux fermes. Gorgées d'eau, elles deviennent de petits ballons avec lesquels les muscles d'un intestin paresseux pourront se divertir"
"Petit à petit, on remet prudemment en question la suprématie du cerveau. Il faut dire que les nerfs de l'intestin, comparés à ceux du reste du corps, ont de quoi impressionner - tant par leur nombre que par leur singularité. L'intestin a à sa disposition toute une cohorte de messagers chimiques, de matériaux d'isolation cellulaire et de types de connexion. Il n'y a qu'un autre organe qui offre une telle diversité : le cerveau. Voilà pourquoi notre système nerveux entérique est aussi qualifié de "deuxième cerveau", parce qu'il est tout aussi étendu et présente la même complexité chimique"
"Le nerf vague est la voie de communication la plus importante et la plus rapide entre l'intestin et le cerveau. Il traverse le diaphragme, passe par le médiastin (la région entre les poumons qui contient notamment le cœur), longe l’œsophage, monte dans le cou et arrive au cerveau"
"Le cerveau utilise ses informations pour se faire une idée de ce qui se passe dans le corps"
"L'intestin, lui, est au cœur de la bataille. Il connaît toutes les molécules de notre dernier repas, attrape avec curiosité des hormones qui se baladent dans notre sang, prend des nouvelles des cellules immunitaires ou prête une oreille attentive au bourdonnement des bactéries intestinales"
"Pour collecter ces informations, l'intestin dispose non seulement d'un système nerveux plutôt conséquent, mais aussi d'une surface si vaste qu'elle fait de lui l'organe sensoriel le plus étendu du corps"
"Suite à l'ingestion de différentes bactéries pendant 4 semaines, certaines zones du cerveau des participants avaient subi de nettes modifications, et notamment les zones impliquées dans le traitement des sentiments et de la douleur"
"Lors d'une expérience, on a gonflé un petit ballon dans l'intestin des participants tout en surveillant leur activité cérébrale (...) Chez les patients atteints du syndrome de l'intestin irritable, le gonflement du ballon déclenche au niveau du cerveau une activité clairement identifiable dans une zone émotionnelle normalement chargée de traiter les sentiments désagréables
(...) Ils se sentaient mal à l'aise alors que rien ne le justifiait (...) Les personnes touchées sont plus sujettes aux états anxieux et à la dépression (...) Des sentiments de mal-être ou d'inconfort psychologique pouvaient être générés par l'axe intestin-cerveau"
"Les bactéries qui survivent dans l'intestin quand les conditions vitales ont changé ne sont en effet pas les mêmes que quand on se la coule douce. Le stress, pour ainsi dire, influe sur la météo intestinale. Il génère des conditions idéales pour les petits durs qui ne se laissent pas impressionner - mais ceux-ci sont-ils toujours de bonne compagnie ?"
"Commençons par de petites choses comme nos repas quotidiens, en suivant là aussi cette règle : pas de stress, pas de tension. Les repas devraient être des zones de calme, sans dispute, sans "tu ne sortiras pas de table tant que tu n'auras pas fini ton assiette", sans zapping d'une chaîne de télé à l'autre"
"Le stress sous toutes ses formes active des nerfs qui inhibent notre digestion.
Résultat : non seulement nous tirons moins d'énergie de ce que nous mangeons, mais en plus, il nous faut plus de temps pour en arriver là et notre intestin est davantage sollicité"
"Les hypnothérapeutes recourent souvent au voyage intérieur ou à des techniques fondées sur l'imagination dans le but d'atténuer les signaux de la douleur et de transformer la perception de certains stimuli.
De la même manière qu'on entretient ses muscles en faisant de l'exercice, on peut renforcer certains nerfs en les utilisant plus souvent"
"L'hypnothérapie permet d'obtenir de bons résultats chez les patients atteints du syndrome de l'intestin irritable. Nombre d'entre eux peuvent alors réduire les doses de médicaments, voire pour certains supprimer tout traitement"
"95 % de la sérotonine que nous produisons nous-mêmes est fabriquée... où ? Dans les cellules de l'intestin
(...) Si l'on faisait des modifications à ce niveau-là, les messages envoyés au cerveau seraient tout autres. Une piste surtout intéressante pour les dépressions graves, quand elles surviennent subitement chez des patients qui n'ont pas sinon de problème notable. Peut-être n'est-ce pas leur tête qui doit s'allonger sur le divan, mais leur intestin..."
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3- La planète microbienne
"En examinant les êtres humains de plus près, on s'aperçoit que chacun d'eaux est une petite planète. Le front est une prairie dégagée, les coudes une terre désertique, les yeux des lacs salés et l'intestin une forêt, une jungle gigantesque peuplée des créatures les plus étonnantes qui soient"
"Sous la lentille d'un microscope, nos habitants - les bactéries - sont faciles à distinguer"
"L'intestin est le continent le plus fascinant de ce monde-là. Aucun autre endroit n'accueille une telle variété d'espèces et de familles"
"Les travaux visant à élaborer une carte des bactéries n'ont commencé qu'en 2007"
"Parmi tous les micro-organismes qui se baladent en nous et sur nous - formant nos différents microbiotes -, 99 % se trouvent dans l'intestin"
L'Homme et ses sous-locataires
"Certaines vivent dans les sources d'eau chaude d'Islande, d'autres sur la truffe froide d'un chien. Certaines ont besoin d'oxygène pour fabriquer de l'énergie et "respirent" un peu comme les êtres humains"
"Presque tout ce qui "sent" chez l'être humain est le fait des bactéries. De l'odeur réconfortante de l'être aimé à celle des pieds de notre grand frère"
"La plupart des bactéries sont inoffensives - et même utiles"
"Un gramme d'excréments contient plus de bactéries qu'il n'y a d'êtres humains sur Terre"
"La communauté microbienne décompose pour nous les aliments non-digestibles, elle alimente notre intestin en énergie, fabrique des vitamines, désagrège des toxines et des médicaments et entraîne notre système immunitaire. Nos bactéries sont de petites usines de production, et les substances produites - acides, gaz, graisses - varient selon les bactéries"
"Dans les situations de surpoids ou de sous-alimentation, en cas de maladies nerveuses, de dépression ou de troubles intestinaux chroniques, on constate une modification des conditions de vie bactérienne dans l'intestin"
"Depuis peu, la science considère l'être humain comme un véritable écosystème"
"Pour être exact d'un point de vue scientifique, on devrait parler de microbiote
(du grec : "petit" et "vie") pour désigner la population de microbes qui nous habitent, et de microbiome
pour désigner l'endroit où ils vivent, mais aussi la somme réunie de leurs gènes"
Le système immunitaire et les bactéries
"La majeure partie (environ 80 %) de notre système immunitaire est localisée dans notre intestin"
"Avant d'être autorisée à passer dans le sang, une cellule immunitaire doit ainsi participer à un camp d'entraînement, le plus dur qui soit pour les cellules. Elle doit par exemple courir une sorte de "trail" lors duquel elle sera en permanence confrontée à des structures propres à notre corps"
"Si elles ont le malheur d'attaquer leur propre bande, c'est la fin pour elles (...) C'est un système qui fonctionne assez bien et, en général, les incidents sont rares"
"Le développement du groupe sanguin n'est que l'un des nombreux phénomènes immunologiques induits par les bactéries"
"L'action des bactéries est le plus souvent à classer dans la catégorie "réglage de précision". Chaque sorte de bactérie a des effets très divers sur le système immunitaire"
"Nous avons fait beaucoup de progrès dans notre compréhension du microbiote. Nous pouvons désormais formuler cette hypothèse : tout comme nous sommes influencés par le grand monde dans lequel nous vivons, le petit monde qui vit en nous nous influence aussi. Et ce qui rend les choses encore plus passionnantes, c'est que ce petit monde n'est pas le même chez chacun d'entre nous"
À l'aube de la flore intestinale
"Quand elle est à peu près bien nourrie, une mère qui allaite peut faire aveuglément confiance au lait maternel : en matière d'alimentation saine, il est ultra-compétent (...) Et comme si la teneur en nutriments ne suffisait pas, il marque encore des points en fournissant aussi à l'enfant une dose de système immunitaire maternel"
"Un micro-organisme est particulièrement bien adapté à notre intestin quand il aime l'architecture de nos cellules intestinales, supporte bien le climat et apprécie la cuisine qu'on y sert. Ces 3 facteurs diffèrent d'un individu à l'autre. Si nos gènes participent bien sûr au développement de notre corps, quand il s'agit de l'organisation microbienne, ils ne sont pas les chefs de chantier. Les vrais jumeaux ont ainsi le même patrimoine génétique, mais pas la même population bactérienne"
"Chez les enfants nés par césarienne, il faut attendre des mois ou plus avant que la population bactérienne de l'intestin se normalise. Les 3/4 des nouveaux-nés qui attrapent des germes typiques du milieu hospitalier sont des enfants nés par césarienne"
"À partir de l'âge de 7 ans, plus rien ne distingue la flore intestinale des enfants nés par césarienne de celle des enfants nés pas voie naturelle. Les phases précoces pendant lesquelles le système immunitaire et le métabolisme peuvent être influencés sont d'ailleurs révolues elles aussi"
"Nous modifions parfois notre flore intestinale, et parfois, c'est elle qui nous modifie. Nous sommes son climat et ses saisons. Et elle peut nous soigner comme nous empoisonner. Nous sommes loin de savoir tout ce dont est capable le petit peuple intestinal de l'être humain adulte"
"Dans le tiroir du vivant, on range selon 3 catégories : les eucaryotes, les archées et les bactéries. Les 3 catégories sont représentées dans notre intestin, et chacune a son charme"
"Les EUCARYOTES. Ceux sont ceux qui ont les cellules les plus grosses et les plus complexes (...) La baleine est un eucaryote
(...) Dans ce vaste groupe, on recense tous les animaux, y compris l'Homme, mais aussi les champignons. Quand votre chemin croise celui d'une fourmi, rien ne s'oppose donc, du point de vue de cette classification, à ce que vous la saluiez d'égal à égal"
"Les ARCHÉES
(...) Elles aiment les extrêmes. Citons par exemple les hyperthermophiles, qui ne se sentent dans leur élément qu'à plus de 100°C et emménagent volontiers à proximité des volcans. Ou encore les acidophiles, qui prennent leur bain dans des acides à forte concentration. Il y a aussi les barophiles, qui aiment qu'on leur mette la pression - ils la trouvent par exemple au fond des mers"
"Les BACTÉRIES
constituent 90 % de notre population intestinale"
"Chaque être humain a sa petite collection de bactéries bien à lui, à partir de laquelle on pourrait même établir une empreinte bactérienne de chacun d'entre nous"
"Ensemble, nos bactéries intestinales ont 150 fois plus de gènes qu'un être humain (...) On peut les avaler en toute simplicité, elles développent leurs compétences dans notre ventre"
"Pour certaines personnes, les antalgiques à base de paracétamol sont plus toxiques que pour d'autres : des bactéries intestinales fabriquent une substance qui influe sur la capacité du foie à éliminer la toxine médicamenteuse"
"L'effet protecteur du soja, censé faire rempart contre le cancer de la prostate, les maladies vasculaires et les problèmes osseux, est aujourd'hui confirmé. Plus de 50 % des Asiatiques en profitent. Mais cet effet protecteur tombe à 25-30 % quand il s'agit de la population occidentale (...) Ce qui fait la différence, c'est un certain type de bactéries"
"Une bactérie compte en général quelques milliers de gènes, et il y a jusqu'à 100 billions de bactéries par intestin"
"Nous sommes contraints de former des groupes judicieux, de faire du tri radical et d'identifier les motifs récurrents. En 2011, la découverte de 3 entérotypes a marqué un premier pas dans cette direction (...) En dépit d'une grande diversité, l'ordre règne. Dans chaque pays intestinal, c'est toujours l'une des mêmes 3 familles bactériennes qui règne"
"Ce que nous mangeons n'est pas le seul facteur qui détermine la colonisation de notre intestin"
"À travers leurs gènes, ils constituent pour nous un énorme pool de compétences. Ils nous aident à digérer, ils fabriquent pour nous des vitamines et d'autres substances dont nous avons besoin
(...) Il y a de fortes chances pour que cette présence laisse des traces sur nous
(...) Comment ces bactéries interviennent-elles dans notre métabolisme, quelles sont celles qui nous sont bénéfiques et celles qui nous nuisent ?"
Le rôle de la flore intestinale
"L'idée que les bactéries intestinales puissent influer sur l'ensemble de notre métabolisme et ainsi réguler notre poids n'a que quelques années"
"Si nous ne les digérons pas, nous tirons néanmoins profit de leur travail, car elles fabriquent des nutriments si petits que nous pouvons les assimiler via
nos cellules intestinales"
"Les bactéries ne se chargent d'ailleurs pas de digestion que dans notre intestin, mais aussi à l'extérieur de celui-ci. Un yaourt, ce n'est rien d'autre que du lait prédigéré par des bactéries (...) Le lait prédigéré allège la charge de travail qui incomberait sinon à notre corps"
"Les bactéries ne se contentent pas de décomposer notre repas, elles en profitent aussi pour fabriquer de toutes nouvelles substances. Un chou blanc, par exemple, contient moins de vitamines que la choucroute qu'il deviendra. Les vitamines supplémentaires, ce sont les bactéries qui les fabriquent"
"Installées à la base de notre langue, les bactéries transforment déjà les aliments et les boissons, et les produits de cette transformation génèrent alors un arrière-goût. Chaque amateur de vin décèlera donc un goût légèrement différent - en fonction de ses bactéries"
"Notre population bactérienne buccale équivaut à peu près à 1/10.000.000e de celle que nous avons dans le ventre - et nous percevons quand même son travail"
"L'alimentation occidentale se compose à 90 % de ce que nous mangeons et, pour les 10 % restants, de ce que nos bactéries nous donnent chaque jour à manger. Autrement dit : "Mangez 9 repas, le 10e vous est offert !"
"Quand on parle de ligne et d'alimentation, on ne devrait donc pas songer qu'aux vilaines calories, mais aussi au petit peuple bactérien qui prend toujours ses repas avec nous"
Comment les bactéries peuvent-elles faire grossir ? Trois hypothèses
"1 - Il y a trop de bactéries "patapouffantes" dans la flore intestinale (...) Certaines personnes pourraient se retrouver avec des poignées d'amour sans manger plus que les autres - tout simplement parce que leur flore intestinale tire plus de substance de la nourriture"
"Les études menées sur des personnes en surpoids ont montré que leur flore intestinale était moins diversifiée et que certains groupes de bactéries notamment spécialisés dans le métabolisme des glucides y étaient majoritaires"
"2 - Les troubles métaboliques comme le surpoids, le diabète ou les hyperlipidémies sont le plus souvent associés dans le sang à des marqueurs inflammatoires légèrement supérieurs à la moyenne"
"Les bactéries ne sortent jamais de chez elles sans s'être poudré le nez avec une substance sémio-chimique qui crie au corps : "Enflamme-toi !" C'est un mécanisme utile en cas de plaies : l'inflammation permet une sorte de "lavage par débordement" qui va repousser les bactéries vers l'extérieur"
"Leur effet sur la thyroïde mérite aussi d'être souligné : les médiateurs de l'inflammation viennent y jouer les fauteurs de trouble et ralentissent la production d'hormones thyroïdiennes. Résultat : les graisses sont moins bien brûlées"
"3 - Une hypothèse émise en 2013 postule que les bactéries de l'intestin pourraient agir sur l'appétit de leur hôte"
"Pour générer une envie spécifique, il faut pouvoir accéder au cerveau (...) Les bactéries savent fabriquer ces petites choses capables de parvenir jusqu'au cerveau en dépit des barrages formés par les tuniques des vaisseaux sanguins (...) Une fois dans les cellules cérébrales, ces deux acides aminés sont transformés et dopamine et en sérotonine"
"Voici donc la théorie : quand elles ont reçu une bonne grosse portion de nourriture, nos bactéries nous récompensent.
C'est agréable et ça nous donne envie de consommer certains plats"
"Plusieurs études sur l'être humain ont permis de montrer que les messagers chimiques responsables du sentiment de satiété augmentent nettement quand nous mangeons ce dont nos bactéries raffolent (...) Les pâtes et le pain de mie ne figurent pas sur la liste de leurs aliments préférés ;-)"
"Songeons un instant à la quantité de fonctions prises en charge par la flore intestinale : n'est-ce pas alors une évidence qu'elle puisse aussi nous faire part de ses souhaits ?
Après tout, les microbes qui la composent exercent des fonctions aussi variées et essentielles que coachs du système immunitaire, assistants de digestion, producteurs de vitamines ou pros de la décontamination du pain moisi et des médicaments"
"Le corps veut-il vraiment toujours éliminer notre cholestérol ? Il en produit lui-même 70 à 95 %. À en croire les médias, le cholestérol serait mauvais en soi. Rien de plus faux. Trop de cholestérol, ce n'est pas terrible, c'est vrai, mais pas assez de cholestérol, ça ne vaut pas mieux. Sans cholestérol, adieu nos hormones sexuelles, adieu la stabilité de nos cellules et la vitamine D"
"Aujourd'hui, certains scientifiques estiment que notre microbiote intestinal peut être considéré comme un organe à part entière. Comme les autres organes de notre corps, il a une origine, se développe avec nous, est constitué d'un amas de cellules et communique constamment avec ses autres collègues organes"
Dans le rôle du méchant : les mauvaises bactéries et les parasites
"En Afrique, il y a plus de tortues et de lézards en liberté qu'en Europe. Quand on importe les céréales, on importe donc aussi les salmonelles (...) Ces bactéries font partie des éléments normaux de la flore intestinale des reptiles
(...) Les céréales et les bactéries des crottes de tortue arrivent dans les fermes d'élevage européennes où le tout sera avalé par un poulet affamé
(...) L’œuf entre forcément en contact avec leurs déjections. Les salmonelles sont donc d'abord présentes à l'extérieur de l’œuf"
"Les poulets nourris au rabais sont généralement conduits dans de grands abattoirs. Une fois tués et décapités, ils sont plongés dans de grandes cuves remplies d'eau (...) Dans une entreprise où l'on abat 200.000 poulets par jour, il suffit d'un chargement nourri au rabais pour que tous les poulets célèbrent ensemble une grande fête du partage des salmonelles"
"Les bactéries supportent très bien la congélation et la décongélation (...) La chaleur, en revanche, ne leur profite pas : il suffit d'une dizaine de minutes à 75°C pour envoyer les salmonelles au tapis"
"Si l'on s'en tient sagement à des œufs bios de poules nourries avec les produits de la ferme, on est moins exposé aux bactéries dangereuses"
"La bactérie Helicobacter pylori
est présente dans l'estomac de la moitié de l'humanité. C'est une découverte assez récente et qui n'a d'abord pas été prise au sérieux. Pourquoi un être vivant irait-il se fourrer dans un milieu aussi hostile ? Qui voudrait vivre dans une grotte pleine d'acide et d'enzymes destructeurs ?"
"Aujourd'hui, quand un patient souffre de troubles gastriques, l'examen standard prévoit la recherche du germe"
"Les bactéries Helicobacter, qui vivent en nous depuis plus de 50.000 ans, se sont développées avec nous"
"Il ne suffit pas de loger Helicobacter
dans son estomac pour avoir des problèmes gastriques. Mais la plupart des problèmes gastriques sont dûs à Helicobacter"
"En dépit de grandes similitudes, chaque germe Helicobacter
est aussi unique que l'être humain qui l'accueille. La bactérie s'adapte toujours à son hôte et se transforme avec lui"
"Un porteur de cette bactérie sur cinq développe à cause d'elle de petites lésions dans la paroi stomacale. Les 3/4 des ulcères de l'estomac et presque la totalité des ulcères de l'intestin grêle font suite à une infection à Helicobacter pylori"
"Pour résumer : Helicobacter
manipule nos barrières protectrices, peut irriter et détruire nos cellules, fabriquer des toxines et nuire ainsi à tout notre corps. Comment se fait-il alors qu'au cours des millénaires, nous soyons restés quasiment sans défense face à ce germe ?"
"Les porteurs de ce type de bactéries Helicobacter
ont effectivement une plus grande probabilité d'être touchés par un cancer de l'estomac - mais aussi nettement moins de risques de mourir d'un cancer des poumons ou d'un accident vasculaire cérébral. "Nettement moins", cela veut dire deux fois moins que les autres participants au test"
"Voici l'hypothèse qui fut alors élaborée : Helicobacter
est une bactérie qui apprend à notre système immunitaire à rester cool"
"On sait aussi que les êtres humains porteurs d'Helicobacter
sont un tiers moins touchés par l'eczéma. Alors... si les troubles digestifs inflammatoires, les maladies auto-immunes et les infections chroniques sont si courants à notre époque, serait-ce aussi parce que, sans le savoir, nous éliminons ce qui nous a protégés pendant des millénaires ?"
"Les bactéries Helicobacter pylori
ont de multiples facettes (...) Le résultat dépend toujours de ce à quoi le germe occupe son temps quand il est dans nos entrailles (...) Nos cellules sont-elles constamment stimulées ou bien fabriquons-nous assez de mucus dans l'estomac pour satisfaire à nos besoins et à ceux de la bactérie ? (...) Quel rôle jouent les antalgiques, la cigarette, l'alcool, le café ou le stress permanent, qui agressent la muqueuse ?"
"Les toxoplasmes se multiplient dans les intestins des chats. Le chat est leur hôte, et tous les autres animaux, qui ne servent aux toxoplasmes que de taxis pour se rendre jusqu'au prochain matou, sont des hôtes intermédiaires"
"Ces parasites n'ont pas beaucoup d'impact sur les adultes en bonne santé"
"La situation est tout autre quand la personne infectée est une femme enceinte. Les parasites peuvent s'infiltrer par le sang et parvenir jusqu'à l'enfant"
"Une personne porteuse de toxoplasmes ne peut pas en contaminer une autre. Seuls les tout jeunes talents sortis de l'intestin d'un chat infecté sont en mesure de nous coloniser (...) Ils tiennent le coup plusieurs années - y compris sur les mains du propriétaire du chat. Et voilà un point de plus à la longue, très longue liste des bonnes raisons de se laver les mains"
"Une expérience simple, mais brillante : elle plaça dans une grande cage 4 maisonnettes, une à chaque coin, et dans chacune d'entre elles, une coupelle remplie d'un liquide particulier - de l'urine de rat, de l'eau, de l'urine de lapin ou de l'urine de chat
(...) Certains rats pénétraient - à l'encontre de leurs instincts - dans la maisonnette marquée par l'urine de chat et y restaient même un certain temps (...) Une odeur mémorisée comme signe d'un danger mortel était soudain ressentie comme attirante et digne d'intérêt
(...) Les risque-tout avaient été infectés par des toxoplasmes. Et là, je dis : Bravo. En poussant le rat dans la gueule du chat, l'ingénieux parasite avait trouvé le moyen de rejoindre en taxi son hôte définitif"
"Comment de minuscules parasites pouvaient-ils influencer à ce point le comportement de petits mammifères ?"
"La probabilité d'être impliqué dans un accident de la route est plus élevée quand on est colonisé par des toxoplasmes (...) Telle fut la conclusion de trois études modestes, mais aussi d'une étude de grande ampleur portant sur 3890 participants"
"En cas d'infection aux toxoplasmes, le système immunitaire active une enzyme (...) qui résorbe alors en quantité accrue une substance dont les envahisseurs se nourrissent (...) Malheureusement, la substance en question est aussi l'un des ingrédients permettant de fabriquer la sérotonine
(...) Pas assez de sérotonine = états dépressifs ou anxieux"
"Notre corps est intelligent. Entre risque et profit, il sait faire la part des choses : s'il s'agit de combattre un parasite dans le cerveau, et bien, soit, nous serons de mauvaise humeur"
"La peur est associée à une partie du cerveau qu'on appelle l'amygdale (...) Qu'on lui porte atteinte, et le sujet peut devenir un vrai casse-cou. L'examen des hôtes intermédiaires hébergeant des toxoplasmes montre que les appartements où hibernent les minuscules gêneurs se trouvent le plus souvent dans les muscles et le cerveau. Au niveau cérébral, on les retrouve dans l'amygdale, dans le centre de l'olfaction et dans une 3e zone du cerveau, juste derrière le front"
"L'une des théories émises par les chercheurs en neurologie est que cette zone, à chaque seconde, esquisse une multitude de scénarios (...) Un parasite bien inspiré aurait toutes les raisons de venir s'installer ici.
Depuis cette base, il lui serait peut-être même possible de renforcer des tendances autodestructrices"
"Cette fois dans le rôle des rats, des êtres humains priés de humer différents types d'urine animale. Résultat, les participants hébergeant des toxoplasmes n'évaluent pas le pipi de chat de la même manière que les sujets sans parasite
(...) Une odeur est capable de faire naître un sentiment d'attirance - les toxoplasmes le savent, tout comme les cochons truffiers. Pour une truie, la truffe dégage la même odeur qu'un beau cochon mâle"
"Si un autre être vivant peut faire en sorte que notre perception des odeurs soit ainsi modifiée, pourrait-il aussi être capable de générer de toutes autres impressions sensorielles ? (...) Les patients schizophrènes ne sont pas tous porteurs de parasites - mais parmi les personnes touchées par la maladie, on recense à peu près 2 fois plus de personnes hébergeant des toxoplasmes"
"En théorie, Toxoplasma gondii
pourrait donc nous influencer en agissant sur les centres cérébraux responsables de la peur, des odeurs et du comportement"
"Cette découverte sonne une ère nouvelle. Un ère dans laquelle un banal caca de chat nous révèle tout ce qui peut déterminer notre vie. Une ère dans laquelle nous commençons à comprendre combien nous sommes intimement liés à notre nourriture, à nos animaux et au minuscule peuple qui nous habite"
De la propreté et des bonnes bactéries
"La propreté dans un intestin, c'est un peu comme la propreté dans une forêt (...) Une forêt est considérée comme propre quand elle est équilibrée du point de vue des plantes utiles qui la peuplent"
"En grec, "pro bios" signifie "pour la vie". Les probiotiques sont des bactéries vivantes que nous ingérons dans le but d'améliorer notre santé. Quant aux prébiotiques (du grec "pre bios", avant la vie), ce sont des aliments qui atteignent le gros intestin et vont alors nourrir les bonnes bactéries pour qu'elles se développent mieux que les mauvaises"
"L'hygiène fondée sur la peur consiste à tout éliminer, tout exterminer. On ne sait pas très bien ce qu'on veut éradiquer, mais on pense en tout cas à quelque chose de méchant, de nuisible. De fait, quand nous faisons le ménage de cette façon, nous éliminons tout : le mauvais comme le bon. Cette conception de la propreté ne peut pas être judicieuse, car plus les standards d'hygiène sont élevés dans un pays, plus il y a d'allergies et de maladies auto-immunes. Il y a 30 ans, une personne sur 10 environ était allergique à quelque chose - aujourd'hui, c'est une sur trois. Dans le même temps, le nombre d'infections n'a pas diminué de manière significative"
"Plus de 95 % des bactéries de ce monde sont inoffensives pour nous. Et nombre d'entre elles sont même nos meilleure alliées"
"Nettoyer devrait consister à réduire le nombre de bactéries - pas à les éliminer toutes. Même les mauvaises bactéries peuvent être bonnes pour nous tant que notre corps peut les utiliser pour s'entraîner et garder la forme"
"Pour les contenir, il existe 4 méthodes d'entretien intelligentes : diluer, sécher, régler le thermostat et nettoyer"
"DILUER. La technique de la dilution est aussi utilisée en laboratoire (...) En faisant varier la concentration, on peut facilement voir à partir de quand certaines bactéries induisent une maladie - pour certaines, c'est à partir de 1000 par goutte, pour d'autres il en faut 10 millions (...) La dilution domestique, elle, consiste par exemple à laver les fruits et les légumes
(...) En Corée, histoire de les embêter un peu plus, on ajoute aussi quelques gouttes de vinaigre à l'eau. De la même manière, aérer les pièces, c'est aussi diluer pour nettoyer"
"Les torchons et éponges doivent être essorés au maximum et avoir la possibilité de sécher - sans quoi ils deviendront le pays de Cocagne des bactéries"
"SÉCHER. Les bactéries ne peuvent pas se reproduire sur des surfaces sèches, et certaines sont même incapables d'y survivre.
Un sol nettoyé à la serpillère est vraiment propre quand il a séché"
"Quand on les a fait sécher correctement, les aliments se conservent plus longtemps et ne moisissent pas"
"RÉGLER LE THERMOSTAT. L'hiver est une sorte de grand ménage (...) Le problème, c'est que nos réfrigérateurs sont souvent si pleins que même à basses températures, ils font la joie des bactéries. Le mieux est de ne pas dépasser les 5°C"
"Côté blanchisserie, le principe de dilution est en général amplement suffisant. Pour les torchons humides, la plupart des culottes ou le linge des personnes malades, on peut faire monter les enchères jusqu'à 60°C"
"NETTOYER
- Cela équivaut à détacher des surfaces un film de graisses et de protéines. En même temps, on retire toutes les bactéries qui se sont logées dans ou sous le film"
"Comme notre peau produit naturellement une enveloppe de graisse, il suffit souvent pour la nettoyer d'utiliser de l'eau sans savon. Le film graisseux n'est alors pas complètement détruit et peut reprendre une activité normale après le lavage.
Se laver trop souvent n'a aucun sens - qu'il s'agisse des mains ou du reste du corps. En éliminant trop souvent le film graisseux protecteur, nous exposons notre peau sans défense à toutes sortes d'agressions extérieures. Et quand les bactéries puantes s'installent, notre transpiration sent encore plus mauvais. Un cercle infernal"
"Les antibiotiques n'ont pas leur pareil pour tuer les agents pathogènes (...) c'est ce qui fait d'eaux l'une des meilleures armes contre les bactéries dangereuses - et l'une des armes les plus dangereuses contre les meilleures bactéries. Maintenant, posons cette question cruciale : qui produit le plus d'antibiotiques ? Réponse : les bactéries"
"Les antibiotiques, ce sont les toxines avec lesquelles les champignons et les bactéries ennemis se combattent les uns les autres"
"Le problème, c'est qu'en prenant des antibiotiques de manière inconsidérée, on tue aussi un grand nombre de bactéries utiles"
"Chez un patient atteint d'une pneumonie grave, chez un enfant qui lutte contre une infection particulièrement vicieuse et qu'on veut protéger d'éventuelles séquelles, les inconvénients seront certainement contrebalancés par les avantages"
"Les antibiotiques peuvent modifier profondément notre flore intestinale. Ils limitent la diversité microbienne et peuvent même influer sur les compétences de nos bactéries
- par exemple quand il s'agit de déterminer la quantité de cholestérol qui sera absorbée, les vitamines qui seront fabriquées ou le type de nourriture qui sera valorisé"
"Comme en psychologie, la capacité d'un intestin à rebondir et à retrouver un équilibre stable après des évènements traumatiques est appelée résilience"
"Le souci, c'est que les antibiotiques tuent rarement toutes les bactéries. Ils tuent certaines communautés, en fonction de la toxine qu'ils utilisent. Et il y a toujours des bactéries qui survivent ou se transforment en combattants aguerris"
"Chaque année en Europe, des milliers de personnes meurent à cause de bactéries devenues si résistantes qu'aucun médicament ne peut plus les combattre"
"Si on vous en prescrit, vous devez suivre le traitement pendant la durée indiquée. C'est à dire assez longtemps pour que les guerriers résistants les moins doués abandonnent et soient éliminés"
"Dans des pays comme l'Inde ou l'Espagne, l'administration vétérinaire des antibiotiques n'est pratiquement pas contrôlée. Résultat : les éleveurs fournissent aux abattoirs veaux, vaches et cochons, et en même temps, de gigantesques zoos de bactéries résistantes installées dans les intestins des animaux.
Par rapport à d'autres régions, c'est aussi dans ces pays qu'on recense un nombre bien plus grand d'infections impossibles à traiter chez l'Homme. En France, il y a des règles, mais il faut avouer qu'elles sont très floues (...) Le cahier des charges de l'élevage bio limite quant à lui plus strictement la quantité d'antibiotiques administrée aux animaux"
"Bien laver les fruits et les légumes (...) Car on utilise volontiers le fumier comme engrais dans les champs (...) De faibles quantités d'antibiotiques suffisent déjà à favoriser la résistance des bactéries"
"Les plantes fabriquent des antibiotiques qui fonctionnent depuis des siècle sans générer de résistance (...) Il existe par exemple des produits à base d'huile de moutarde ou de raifort, ou encore d'extraits de camomille ou de sauge. Certains sont à même de luter non seulement contre bactéries, mais aussi contre les virus"
"Mieux vaut ne pas laisser au hasard la place devenue vacante dans notre intestin et la repeupler correctement - c'est à cela que servent les probiotiques. Ils aident l'intestin à retrouver son équilibre une fois que les véritables dangers ont été éliminés"
"Chaque jour, nous avalons des milliards de bactéries vivantes
(...) La majorité de ces bactéries nous est inconnue"
"Quelques-une sont des agents pathogènes mais généralement, elles ne peuvent pas nous faire de mal parce qu'elles sont trop peu nombreuses à la fois. Sur toutes ces bactéries, rares sont celles que nous connaissons de A à Z et qui ont été déclarées "bénéfiques" par des organismes compétents. Ce sont celles qu'on appelle les probiotiques"
"Ces plats dont la préparation fait intervenir des bactéries sont dits "fermentés". La fermentation produit souvent des acides, qui donnent par exemple au yaourt ou aux légumes fermentés un goût plus acide que l'aliment de départ
(...) C'est la méthode la plus ancienne et la plus saine de conserver des aliments"
"La diversité des bactéries dans les aliments fermentés a beaucoup diminué. L'industrialisation a entraîné la normalisation des processus, désormais fondés sur quelques bactéries de laboratoire sélectionnées individuellement"
"Parfois, on fait fermenter l'aliment avec des bactéries, puis on le fait chauffer pour éliminer les germes. C'est par exemple le cas de la choucroute vendue en grandes surfaces. Pour trouver de la choucroute fraîche, il faut chercher dans des magasins de diététique"
"On ne peut pas être sûr à 100 % que la quantité de bactéries probiotiques arrivant dans l'intestin est vraiment suffisante (...) Pour faire bouger les choses dans le vaste écosystème intestinal, il faut qu'environ un milliard de bactéries partent en croisade !"
"N'importe quel yaourt peut être bénéfique, mais tout le monde ne supporte pas bien les protéines de lait ou les graisses animales en grande quantité. La bonne nouvelle, c'est que le monde des probiotiques ne s'arrête pas aux yaourts"
"Nombre de bactéries probiotiques prennent soin de notre intestin (...) Ainsi chouchoutées, les villosités intestinales sont bien plus stables et plus grosses (...) Plus elles sont grosses, plus notre capacité à assimiler aliments, minéraux et vitamines est bonne. Et plus elles sont stables, moins elles laissent passer de déchets. Résultat : le repas livré à notre corps comporte beaucoup de nutriments et moins de substances nocives"
"Les bonnes bactéries défendent notre intestin (...) Elles vont par exemple s'installer juste à l'endroit où des agents pathogènes aiment venir nous faire du mal. Quand la vilaine bactérie arrive, elles sont déjà assise à sa place favorite (...) Elles peuvent aussi fabriquer de petites doses d'antibiotiques et d'anticorps avec lesquels elle repousseront les bactéries étrangères"
"En travaillant en étroite collaboration avec notre intestin et nos cellules immunitaires, elle nous font passer des informations top secrètes et de précieux conseils
(...) Quelle quantité de mucus protecteur doit être produite ? (...) Le système immunitaire doit-il réagir plus activement à l'intrusion des substances étrangères ou lui faut-il au contraire rester cool ?"
"Souvent malade ? Cela peut valoir le coup de tester différents probiotiques"
"Il faut savoir que le pharmacien ne peut pas nous recommander de préparation dont l'effet a été confirmé à 100 % (...) C'est donc à nous d'expérimenter un peu (...) C'est simple : on regarde sur l'emballage ce qu'on est en train de tester, on suit le traitement pendant quatre semaines et si, au bout de cette période, rien n'a changé, on peut passer à autre chose et donner leur chance à une ou deux autres bactéries"
"Avant d'acheter des produits probiotiques, on se renseigne toujours pour savoir s'ils sont vraiment conseillés dans le cas des troubles rencontrés. Les bactéries ont des gènes différents (...) À ce jour, les probiotiques les mieux étudiés sont les bactéries lactiques (lactobacilles et bifidobactéries)"
"Certains des produits vendus en pharmacie, parapharmacie et grandes surfaces misent déjà sur ce principe en réunissant dans une seule équipe différentes bactéries lactiques qui se connaissent bien. Effectivement, elles se montrent alors plus performantes. En revanche, l'idée d'utiliser cette méthode pour installer de manière durable des bactéries dans notre intestin a beau être séduisante, il faut avouer qu'à ce jour, elle n'a pas donné beaucoup de résultats… pour ne pas dire aucun"
"Aujourd'hui, d'audacieux thérapeutes transplantent des équipes de bactéries bien rôdées en même temps que toutes les autres bactéries intestinales de porteurs sains. Le must de la stratégie d'équipe mixte, je vous le donne en mille, c'est la transplantation fécale. S'agissant d'une greffe médicale, on aura la chance de s'approprier un caca qui aura été "nettoyé" au préalable (...) En dépit de son succès, cette méthode ne peut pour l'instant être utilisé que dans des cas vraiment désespérés, car on ne sait pas encore si en transplantant les selles d'autrui, on transplante aussi d'éventuelles maladies"
"Plus de 60 % de nos bactéries intestinales nous sont encore inconnues"
"Chaque jour, à chaque repas, nous influons aussi sur notre organe microbien – en bien comme en mal"
"Il faut qu'il y ait de bonnes bactéries dans l'intestin concerné. La nourriture prébiotique va favoriser leur croissance et leur activité, de sorte qu'elles auront plus de pouvoirs sur les mauvaises bactéries"
"Car celles-ci aiment les fibres – pas toutes, mais certaines. Il y a des bactéries qui aiment les fibres d'asperges, d'autres qui préfèrent les fibres de viande"
"Bien nourris, les microbes de l'intestin produiront des vitamines et de bons acides gras ou concocteront des séances d'entraînement pour maintenir notre système immunitaire en forme"
"Les prébiotique ne sont que peu, voire pas du tout assimilés par les mauvaises bactéries, de sorte qu'elles ne peuvent pas s'en servir pour fabriquer des armes contre nous. Dans le même temps, les bonnes bactéries continuent de croître et de s'engaillardir, colonisant ainsi un territoire de plus en plus vaste"
"La plupart des Européens ne totalisent que la moitié des 30 g de fibres alimentaires recommandés par jour"
"Quelques prébiotiques : artichaut, asperge, endive, banane verte, topinambour, ail, oignon, panais, salsifi, blé complet, seigle, avoine, poireau"
"Quand on se nourrit principalement de produits pauvres en fibres – pâtes, pain blanc ou pizza -, mieux vaut éviter d'augmenter brutalement la quantité de fibres alimentaires"
"Notre alimentation compte parmi les facteurs qui influent le plus sur nos bactéries, et les prébiotique sont les outils les plus efficaces dont nous disposons pour favoriser les bonnes bactéries
(...) Pour cela, les pâtes ou le pain fabriqués dans une usine à partir de bouillie de farine blanche compactée ne suffisent pas. Il faut aussi parfois de vraies fibres qui proviennent de vrais légumes ou de la chair des fruits"
"Vues au microscope, les bactéries sont de petits points lumineux sur fond de ténèbres. Mais toutes ensemble, elles sont plus que cela : c'est une véritable communauté que chacun d'entre nous héberge"
"Quand le bon et le mauvais vivent en bonne intelligence, le mauvais peut nous rendre plus fort, et le bon prendre soin de nous et de notre santé"
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Du nouveau sur l'axe intestin-cerveau
"Une vingtaine d'études bien étayées ont été menées sur l'être humain"
"Les bactéries n'entraînent pas de brusques changements d'humeurs, mais influent progressivement sur nos états d'âme, avec une efficacité qui ne se révèle souvent qu'au bout de trois ou quatre semaines après le début de la prise, et seulement jusqu'à un certain point (...) On reconnaît désormais le rôle de l'intestin dans ce domaine"
"Nous savons que notre intestin fournit beaucoup d'énergie à notre cerveau pour permettre à ce dernier de venir à bout du stress. Se pourrait-il donc que notre ventre contribue aussi à réduire le sentiment de stress ? Comme qui dirait : dans son propre intérêt ?"
"Le plongeon dans l'eau froide déclenchait toujours la même réaction (rien de surprenant, puisque l'eau était toujours aussi glacée), mais le niveau total d'hormones du stress était moins important qu'avant"
"Lors des exercices de mémorisation, le groupe consommateurs de bactéries faisait désormais environ deux à cinq fautes de moins qu'avant
(...) Une région du cerveau que nous utilisons pour apprendre, celle-là même qui se trouve affaiblie par la maladie d'Alzheimer, était désormais plus active"
"L'hippocampe (la partie du cerveau qui archive et met en réseau nos souvenirs) fourmille de récepteurs des hormones du stress. Dès qu'il détecte une grande quantité d'hormones, le cerveau réduit son activité dans cette zone spécifique (...) En période de stress, nous n'avons d'yeux que pour un nombre restreint de choses et faisons abstraction des autres – ce qui nous permet de concentrer notre attention sur le problème
(...) À haute dose, le fait de gamberger sans cesse sur ce qu'il nous est impossible de changer peut déclencher un sentiment de stress. Sous l'effet des hormones alors libérées, nous réduisons encore davantage notre angle de vision"
"Pour l'heure, seules deux études ont testé en situation contrôlée des bactéries probiotiques pour lutter contre la dépression (...) La recherche fait ses premiers pas sur une nouvelle voie"
"Mieux connaître cette vie intérieure, cela implique aussi qu'en cas de stress ou d'humeurs noires, on ne pensera pas uniquement à des paramètres extérieurs : on ira aussi voir du côté de ce qui se passe en nous"
Une dose bienfaisante d'acide
"Prenons un verre d'eau et ajoutons-y la quantité de sucre que contient un verre de Coca-Cola. De plein gré, personne ou presque n'accepterait de boire cette mixture (...) Ajoutons un peu d'acide citrique dans l'eau sucrée – l'équivalent du gaz carbonique et de l'acide phosphorique dans le Coca-Cola. Alors ? Miam, délicieux"
"Pour notre organisme, l'acidité est caractéristique des fruits et des bonnes bactéries"
"Notre envie d'acidité est-elle le signe que nous aspirons à davantage de bonnes bactéries ?"
"La fermentation est le processus par lequel des bactéries prédigèrent pour ainsi dire les aliments. Les mauvaises bactéries ou les champignons ne donneraient pas lieu à une fermentation vraiment sympa (...) Les bonnes bactéries facilitent donc la tâche à notre intestin et, en plus, elles produisent des vitamines. Dans le même temps, elles fabriquent des acides qui éliminent les bactéries dangereuses"
"Grâce aux acides, la fermentation est la méthode la plus sûre pour conserver naturellement la nourriture"