Thierry Casasnovas
: Nous pouvons rétrécir notre cadre de vie dans les limites de notre capacité adaptative. Or, si celle-ci est toute petite, nous nous retrouvons enfermés dans une prison dorée ! Ne pouvant manger que certains aliments, devant dormir le bon nombre d’heures, au risque de n’aller pas bien.
C’est une perte de liberté et finalement l’adaptation de notre mode de vie à notre faiblesse. Tu parles toi, de se renforcer.
Pierre Dufraisse
: L’amalgame que l’on fait parfois est de penser que l’homéostasie et la loi de l’hormèse sont antagonistes.
Mais l’homéostasie n’est pas un état d’équilibre parfait : c’est la tension vers l’équilibre. En effet, notre vie est une éternelle recherche d’équilibre, d’adaptation. Un équilibre instable…
La loi de l’hormèse quant à elle, dit qu’un organisme soumis à un stress puissant et court et dans les limites de sa capacité adaptative va tendre à s’améliorer, si ce stress est suivi d’un temps de repos.
On parle d’appliquer un stress, de choquer le corps.
N’est-on pas déjà trop stressé et usé au quotidien ?
Quelle est la différence entre le stress chronique et celui dont tu parles, “le stress hormétique” ?
Le stress quotidien est chronique
: réveil à contrecoeur, embouteillages, contraintes au travail… Il n’est pas du tout naturel : en observant nos animaux de compagnie, nous voyons bien qu’après une période intensive d’activité s’ensuit une phase de repos total… Sans téléphone dans leur poche, sans mauvaise nouvelle de l’actualité, sans inquiétude, sans stress délétère.
Le stress hormétique décharge certains neurotransmetteurs : adrénaline, noradrénaline, qui une fois dans la cellule font s’exprimer certains gènes, qui codent alors de nouvelles protéines
et créent donc un organisme plus résistant.
Comment utiliser ce principe au quotidien ?
Observons nos conditions de vie actuelles : environnement douillet sans grande modification de températures, nourriture en abondance tous les jours.
Nos capacités adaptatives ne sont pas assez sollicitées.
J’aime bien parler de 4 portes d’entrée :
* L’exposition au (très) froid
Très médiatisée par Wim Hof.
* L’exposition au (très) chaud
* L’exercice physique adapté de type HIIT
(High Intensity Interval Training : 5-10 min intensives, qui au long terme usent moins l’organisme que les exercices d’endurance)
Mais nous avons tous un terrain différent ! J’adapte toujours mes recommandations au patient.
* Le jeûne
La raréfaction de nourriture crée un stress métabolique qui mobilise le corps pour l’action, “pour aller chercher la nourriture” : augmentation de la LH (précurseur de la testostérone), de l’hormone de croissance, du BDNF (facteur de croissance neuronale), de la sérotonine.
Le jeûne intermittent “16/8” est une merveilleuse porte d’entrée car il est pédagogique et vous reconnecte avec votre corps, dont votre sensation de faim.
Le jeûne long répond-il à la loi de l’hormèse ?
Oui car il provoque des changement dans la cellule, qui fait alors s’exprimer d’autres gènes. Le jeûne long a plus de vertus de nettoyage profond et d’autophagie, mais le jeûne intermittent est en général plus facile à mettre en place.
Attention à la croyance que plus on en fait, plus on choque le corps et plus on a de gain.
Le temps de repos est indispensable et il est propre à chacun. Il faut écouter ses douleurs. La sollicitation doit être adaptée, et jugulée ensuite par un temps de repos.
Le repos, oui : pour sortir d’une boucle infernale de symptômes. Mais s’il perdure, il ne conduit à aucun renforcement. Pour cela, il faut passer par des stress importants, adaptés et de courte durée, quels qu’ils soient. L’apnée est un autre exemple.
La fameuse “sortie de sa zone de confort”. Rechercher la mise au challenge. Devenir quelqu’un de nouveau. Explorer l’opposé de soi. Expérimenter l’instant présent.